- ven, 30/05/2025 - 08:36
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Lors de la rencontre le 21 mai 2025 à la Maison Blanche dans le Bureau ovale avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa invité, le président américain Donald Trump a décrit le conflit dans les Kivu comme une confrontation directe entre deux pays, le Congo et le Rwanda, ne présentant nullement le groupe rebelle M23 comme un acteur indépendant.
Une prise de position en soutien des accusations congolaises sans cesse répétées qui montrent le rôle du Rwanda dans la déstabilisation de la région. Donald Trump a vanté les efforts diplomatiques de son administration, notamment via ceux de son envoyé spécial, Massad Boulos, qui a facilité un accord préliminaire signé par Kinshasa et Kigali le 25 avril 2025 à Washington. Cet accord signé par les ministres des Affaires étrangères congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner et rwandaise Olivier Nduhungirehe, vise à instaurer un cessez-le-feu et pourrait marquer un tournant pour une région ravagée par des décennies de violence.
Le Kivu, riche en minerais comme le cobalt et le coltan, est en proie à des conflits depuis plus de trente ans, déclenchés notamment par le génocide rwandais de 1994. Les milices hutu, dont les FDLR, se sont réfugiées dans cette région, entraînant des interventions répétées du Rwanda de Paul Kagame. Bien que Kigali justifie ses actions par la nécessité de neutraliser les rebelles rwandais, des rapports des Nations Unies et des analystes révèlent des motivations liées au contrôle des ressources et à l’hégémonie régionale. Le mouvement M23, réapparu en 2021 et soutenu par les forces rwandaises, les FDR, Rwandan Defence Force, a intensifié la crise par la prise d'importantes villes comme Goma et Bukavu en 2025, en déplaçant près d’un million de personnes. Cette situation aggrave une catastrophe humanitaire, avec plus de 10 millions de morts et des millions de déplacés depuis les années 1990.
Sous Félix Tshisekedi, depuis 2019, le Congo lutte pour reprendre le contrôle de ses territoires du Kivu. Malgré ses richesses, le Congo souffre d’une gouvernance fragile et d’une armée sous-équipée, les FARDC, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo, confrontée à la complicité internationale dans l’exploitation des ressources et à l'infiltration de ses rangs.
«JE VEUX LA PAIX».
Kinshasa accuse Kigali d’activer les offensives du M23, une position corroborée par des enquêtes des Nations Unies qui portent notamment sur la présence de 4.000 soldats rwandais RDF présents dans les Kivu. En parallèle, Kinshasa renforce les alliances régionales, notamment avec la SADC, Southern African Development Community (Communauté de Développement d'Afrique Australe), et l’Afrique du Sud, dont les troupes soutiennent le Congo. Ses réformes visent à moderniser les FARDC et à mobiliser les milices Wazalendo, qui jouent un rôle clé dans la défense des communautés locales face au M23, malgré des moyens limités.
Lors de la visite de Cyril Ramaphosa, à la Maison blanche, Trump a insisté sur le coût humain du conflit, soulignant que la diplomatie est un investissement modeste face aux conséquences d’une guerre prolongée. En qualifiant le conflit de guerre entre États, le président américain a implicitement reconnu le rôle du Rwanda, alignant sa rhétorique sur celle de Kinshasa. Cette approche contraste avec l’ambiguïté des politiques occidentales passées et met en avant l’urgence d’une solution. L’accord du 25 avril 2025, signé sous l’égide du secrétaire d’État Marco Rubio, reflète l’engagement américain à promouvoir la paix, tout en servant des intérêts stratégiques : contrer l’influence chinoise en sécurisant l’accès aux minerais congolais essentiels aux technologies modernes. Le Rwanda sous Paul Kagame depuis 1994, maintient une image de stabilité tout en intervenant au Congo. Des rapports confirment que les forces rwandaises soutiennent le M23, exploitant les minerais congolais pour renforcer leur économie. La reconnaissance par Trump du conflit comme une guerre Congo-Rwanda fragilise la position de Kagame, qui invoque la menace des FDLR pour justifier ses actions.
La pression américaine, via les efforts de Massad Boulos pour exiger le retrait des troupes rwandaises, pourrait forcer Kigali à revoir sa stratégie, bien que son régime ait historiquement résisté aux critiques internationales grâce à ses alliances occidentales. Ce conflit, aux enjeux géopolitiques majeurs, oppose les intérêts des grandes puissances, notamment les États-Unis et la Chine, pour le contrôle des ressources congolaises. Un Congo stable sous Tshisekedi pourrait attirer des investissements occidentaux, stimulant le développement économique. Un accord de paix durable, soutenu par les États-Unis, l’Union Africaine et la SADC, pourrait transformer la région des Grands Lacs, en sécurisant les territoires, en réduisant la violence et en permettant une gestion équitable des richesses. Cependant, des défis subsistent : la résistance potentielle du Rwanda, la complexité des dynamiques régionales et la nécessité de réformes internes au Congo pour garantir une paix durable.
Lors de cette rencontre avec Cyril Ramaphosa, Donald Trump a déclaré : «Je veux la paix. Je veux le bonheur. Je veux la santé. Vous avez des terres incroyables et une valeur inestimable. Beaucoup de pays n’ont pas cette valeur. Nous sommes confrontés à une situation dont vous avez probablement entendu parler. Nous y sommes parvenus grâce à des personnes très talentueuses. Nous avons contribué à régler une guerre qui faisait rage depuis des années, au Rwanda et au Congo. Et je pense que nous y sommes parvenus. Croyez-le ou non, je pense que nous y sommes parvenus». Désignant Massad Boulos, il lui a demandé d'«en dire quelques mots, mon ami» ? Et le Conseiller principal de répondre par l'affirmative : «Oui. Il y a quelques semaines, les deux parties ont signé la Déclaration de principes dans laquelle elles s’accordaient sur la voie à suivre. Elles ont toutes deux soumis leurs projets d’accord de paix et nous en avons élaboré un qui intègre leurs deux suggestions. Nous le leur avons remis et sommes en train de le finaliser».
Washington veut accélérer l'ère de la paix dans les Grands Lacs. Des Sénateurs démocrates et républicains Jim Risch, R-Idaho, Jeanne Shaheen, D-New Hampshire, Chris Coons, D-Delaware, Ted Cruz, R-Texas, Cory Booker, D-New Jersey et John Cornyn, R-Texas, ont exprimé vendredi leur préoccupation face à l’escalade du conflitentre Kinshasa et Kigali. « L’escalade du conflit a dramatiquement aggravé l’instabilité régionale, déplacé des centaines de milliers de personnes et engendré de profondes souffrances. Nous exhortons toutes les parties à continuer à négocier de bonne foi et dans le respect de la Déclaration de principes, en s’appuyant sur les efforts dirigés par les Africains», ont-ils conclu, en saluant la signature d’une Déclaration de principes, initiative parrainée par le secrétaire d'État Marco Rubio qui marque « une étape claire vers une résolution durable du conflit ».
avec AGENCES.