- ven, 30/12/2022 - 12:24
Une nouvelle affaire envenime les relations en crise entre Kinshasa et Kigali. Le Rwanda envisageait d’abattre un aéronef à l’atterrissage à l’aéroport de N’Djili. Lequel et pourquoi ?
PARIS, BRUXELLES, KINSHASA.
Le Soft International n°1571 |JEUDI 29 DÉCEMBRE 2022.
Une nouvelle affaire qui va envenimer encore plus les relations en crise entre Kinshasa et Kigali. Le Congo accuse le Rwanda d’avoir envisagé sinon programmé d’abattre un aéronef à l’atterrissage à l’aéroport de N’Djili, le seul aéroport international de la Capitale congolaise.
Ce n’est pas une accusation en l’air. Les autorités congolaises brandissent des preuves irréfutables, les personnes arrêtées et leurs identités.
BIS REPETITA ?
Sur le modèle de l’attentat perpétré le 6 avril 1994 à l’aéroport de Kigali lorsque le tir d'un missile détruisit en l'air le Falcon 50 qui ramenait d’Arusha le présidents rwandais Juvénal Habyarimana, burundais Cyprien Ntaryamira et plusieurs hauts gradés des armées rwandaise et burundaise de retour des pourparlers de paix sur le Rwanda déclenchant du coup le génocide anti-Tutsi, le régime de Kigali aurait prépropositionné des guetteurs des RDF, la Rwanda Defence Force, l'armée rwandaise, dans les environs de l’aéroport de N’Djili où ils auraient acquis «un important patrimoine foncier».
Pour surveiller l’atterrissage de quel avion et à bord duquel se serait trouvé quelle personne ? Les réponses doivent encore être trouvées par les services de la police criminelle et de la justice entre les mains se trouvent ces guetteurs.
Mardi 27 décembre 2022, la tension entre le Rwanda et le Congo est montée de plusieurs crans quand dans la soirée, le ministère congolais de l’Intérieur et de la Sécurité via le vice-ministre Jean-Claude Molipe Mandongo, assisté des porte-paroles de l’armée, le Général Sylvain Ekenge, et de la police, a lu cette déclaration et montré, sur les antennes de la radio-télévision nationale Rtnc, les personnes impliquées et leurs identités. Il s'agit de deux Rwandais (Juvénal Nshimiyimana Biseruka, 58 ans et Moses Murokore Mushabe, 33 ans) et de deux Congolais (Rémy Nganji Nsengiyumwa alias Djuma, 42 ans, colonel Santos Mugisha Ruyumbu, 42 ans). Mais la nationalité de ce dernier est remise en cause. L'homme qui détient plusieurs nationalités dit être de tribu Hunde (Nord-Kivu) sans parler ni la langue maternelle, ni la langue régionale, le swahili, hormis le kinyarwanda.
Selon le vice-ministre congolais de l’Intérieur, ces personnes arrêtées font partie d’«un réseau d’espions au service de la République du Rwanda».
Les espions identifiés agissaient sous la couverture d’une ONG de développement dénommée «African Health Development Organization», en sigle AHDO. Selon le vice-ministre, ces espions avaient infiltré quelques officiers des FARDC et des personnalités politiques de grande envergure, tout comme des opérateurs économiques et des membres de la société civile.
QUELLES SUITES ?
« Le téléphone crypté du militaire rwandais, après exploitation par les enquêteurs, a révélé que ce dernier a eu accès aux différents sites stratégiques de la capitale et, ce, en complicité avec certains officiers généraux et supérieurs des FARDC. D’autres espions sont recherchés d’autant que l’ONG sus-évoquée avait ouvert des antennes dans les provinces du Kwango, du Kwilu, du Kasaï, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ils finiront par être rattrapés», a-t-il déclaré.
De poursuivre : «L’acquisition par ces espions d’un important patrimoine foncier dans le périmètre de l’aéroport international de N’djili et de la base militaire de Kibomango, a laissé entrevoir la préparation d’un plan machiavélique similaire à celui qui a été à la base de l’assassinat de Juvénal Habyarimana et de son homologue burundais». Le vice-ministre a annoncé la poursuite des «investigations (...) sur base des pistes et des éléments de preuves fournis par ceux qui sont appréhendés».
Jean-Claude Molipe Mandongo a rappelé l’appel à la vigilance et à la défense de la patrie lancé aux Congolais par le Président de la République, Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en vue de soutenir les efforts en cours des Forces de sécurité en cette période d’agression du pays par le Rwanda sous la casquette du M23.
Quelles suites pourrait donner lieu cette nouvelle dimension de la crise entre Kigali et Kinshasa ?
Il faut rappeler que lors d'une prise de parole publique à Kigali, le président rwandais Paul Kagame avait déclaré que «quiconque veut parler de la guerre devrait pouvoir le voir» qualifiant le Congo de pays de «désordre et de chaos». Le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n'a pas hésité d'affirmer que le régime rwandais, avec Paul Kagame à sa tête, «est l’ennemi de la République Démocratique du Congo». Puis : Que les Rwandais «ont besoin de notre solidarité pour nous débarrasser et débarrasser l’Afrique» de Paul Kagame considéré comme faisant partie «des dirigeants rétrogrades». Finalement, alors qu'elles hésitaient à confirmer les accusations de Kinshasa sur le soutien apporté au M23 par le Rwanda, les Nations Unies ont fini par citer nommément le Rwanda comme «soutien aux rebelles» suivies par les Etats-Unis, la Belgique, la France, l'Allemagne, etc. Ce qui affaiblit la position internationale du régime de Kigali.
ALUNGA MBUWA.